Anarchia

Dans une tirade de Créon de l’Antigone de Sophocle, l’anarchia se voit définie comme le pire des maux. Les sources littéraires et philosophiques de l’Antiquité grecque expriment en effet une très forte condamnation de l’anarchia, la vacance du pouvoir, qu’elle survienne au sein d’une famille, d’une armée ou d’une cité. Dans un contexte de crise politique (stasis), le terme anarchia, employé dans un sens institutionnel, fait référence à la vacance des charges politiques, et en particulier, celle de l’archonte éponyme, à Athènes et à Thasos. D’autres termes, comme atagia et acosmia, ont, semble-t-il, également été forgés par les Grecs, pour désigner la vacance de charges spécifiques, celle des tages en Thessalie et des cosmes en Crète. Cet ouvrage explore et interroge les manifestations historiques de la vacance du pouvoir dans les cités grecques, de l’époque archaïque à la fin de l’époque hellénistique. Celle-ci se présente sous deux formes : la vacance des charges politiques d’une part, et la carence du pouvoir d’autre part. L’autrice recense et analyse ainsi les sources littéraires, épigraphiques et numismatiques qui attestent de vacances institutionnelles, qu’elles se soient produites dans le cadre du cours normal du fonctionnement des institutions, ou de bouleversements de l’ordre politique. Elle en examine les causes, les modalités, la façon dont elles étaient perçues, leurs conséquences sur la continuité de l’exercice du pouvoir et les palliatifs mis en œuvre pour y remédier, en prenant en compte les charges politiques dans toute leur diversité, à la fois à l’échelle civique et fédérale, dans les systèmes politiques de type démocratique et oligarchique du monde grec antique. Apportant un éclairage inédit sur cet aspect peu étudié de l’exercice du pouvoir, ce livre constitue une contribution importante à l’histoire