Refuser la nourriture carnée. Végétarisme et pratiques civiques en Grèce ancienne
Alexandra Kovacs
Alors que le végétarisme est un sujet d’actualité, il serait une pratique qui remonterait à l’Antiquité. Pythagore, Platon ou même Socrate se seraient adonnés à cette pratique qui refuse la mort des animaux pour s’en nourrir. Ces grandes figures de l’Antiquité étaient-elles végétariennes ? Est-il vraiment possible de parler de végétarisme dans l’Antiquité ? À travers une étude historique rigoureuse, cet ouvrage propose de revenir sur ces idées répandues tout en faisant le point sur les arguments en faveur d’une alimentation non sanglante invoqués par les auteurs anciens, dont la résonnance est incroyablement contemporaine.
L’abstinence de viande doit-elle être appréhendée comme un rejet de la norme, laquelle est définie par la participation des citoyens au sacrifice sanglant animal et à la consommation des chairs qui s’ensuit, actes civico-religieux fondamentaux ? L’historiographie actuelle considère que si la vie civique se structure et se reconnaît autour de la mise à mort de l’animal et de sa consommation, alors la place des citoyens refusant la consommation de viande ne peut être que marginale. En s’appuyant sur l’ensemble des sources littéraires de la période antique (VIe siècle a.C.-Ve p.C.), cette thèse, loin de confirmer cette analyse, révèle une situation plus complexe. L’abstinence de viande s’affirme en effet comme un marqueur identitaire qui laisse apparaître clairement la pluralité normative de la pratique, modulable en fonction des acteurs impliqués et/ou exclus. Ainsi, comme toute pratique alimentaire, les normes ne sont pas excluantes, et une même personne peut s’y conformer suivant le contexte dans lequel elles prennent forme. Le végétarisme ne vient donc pas entraver les devoirs du citoyen et n’entraîne pas la marginalité dans la cité.
Ce volume Influence et réception du poète Martial, de sa mort à nos jours contient les communications prononcées au colloque international qui s’est tenu, sous le même intitulé, à l’Université de P...