Scripta Antiqua 180
"J’ai combattu en Hispanie"
La mémoire culturelle des guerres de Rome dans la péninsule Ibérique (fin du IIIe s. a.C.-début du Ve s. p.C.)
Deux fois primé, ce livre explore l’histoire mémorielle des guerres menées par Rome en Hispanie. Au gré des récits diffusés par les témoins des faits puis repris et transformés par les orateurs, les historiens et les moralistes, les différents épisodes de combats sanglants contre un ennemi indomptable ont été présentés comme autant d’étapes aboutissant à l’inévitable victoire finale.
Comment les Romains se sont-ils remémoré les guerres qu’ils ont menées dans la péninsule Ibérique ? Quelles figures historiques, quels faits, jugeaient-ils dignes d’être transmis à la postérité, et pourquoi ? Leurs représentations ont-elles évolué au fil du temps ? À quel rythme et pour répondre à quels enjeux ?
La conquête du territoire que les Romains nomment Hispanie est un processus discontinu et complexe. Loin de l’image convenue de la supériorité écrasante des puissantes légions de la République, les Romains ont dû, pendant deux cents ans (218-16 a.C.), affronter les Carthaginois puis les peuples indigènes au cours de guerres dont certaines furent mises au nombre des plus pénibles de l’histoire de l’Vrbs. Peu à peu, au gré des récits diffusés par les témoins des faits, généraux et soldats, puis repris et transformés par les orateurs, les historiens et les moralistes, s’est imposée l’image de guerres sanglantes menées contre un ennemi indomptable. Pourtant, l’idée que Rome était destinée dès ses origines à la domination universelle, n’a, dans le même temps, jamais cessé de se renforcer, et les différents épisodes des guerres hispaniques ont été envisagés dans un cadre téléologique, comme autant d’étapes aboutissant à l’inévitable victoire finale. Ainsi, la mémoire culturelle des guerres de Rome dans la péninsule Ibérique a une histoire. Ce livre l’explore selon une triple perspective sociale, historique et littéraire à travers l’analyse de la documentation littéraire, épigraphique, iconographique et numismatique conservée.
Sous la République, la diffusion de la mémoire des victoires s’impose comme un enjeu de la compétition aristocratique, tandis que sa mise en récit dans des ouvrages historiques traduit une volonté de mise en ordre du passé. Sous Auguste, le rôle joué par le prince dans l’achèvement de la conquête joue un rôle central dans le discours officiel, et contribue à envisager les guerres hispaniques comme constitutives d’un processus unique. Sous l’Empire, la mémoire s’appauvrit, mais les auteurs s’efforcent de la réorganiser dans des formes narratives nouvelles afin de se l’approprier, tandis que leur regard évolue : si la littérature exemplaire élabore une mémoire des victoires, les historiens portent sur le passé un regard plus pessimiste.
- Série
- Polemica 2
- Pages
- 680
Simon Cahanier est Maître de Conférences en langue et littérature latines à l’université de Nantes. Sa thèse, dont est issu ce livre, a reçu le prix SoPHAU 2021 et le prix SHS de l’Université Jean Moulin Lyon III 2020.
Prix SoPHAU 2021
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