À la porte des mondes
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Primé

Scripta Antiqua 181

À la porte des mondes

Histoire de l’Ibérie du Caucase - IIIe siècle a.C.-VIIe siècle p.C.  

Nicolas J. Preud'homme

Cette monographie est la première en France qui soit consacrée à l’Ibérie du Caucase, située à l’Est de l’actuelle Géorgie. Grâce à sa maîtrise des sources écrites grecques, latines, arméniennes et géorgiennes mais aussi de l’archéologie, l’auteur retrace la longue et riche histoire de ce royaume qui exerça un rôle pivot dans l’histoire de l’ancienne Caucasie.

30,00 € TTC

Apparu à l’époque hellénistique, un pouvoir royal établi au débouché de la passe du Darial exerça jusqu’au VIe siècle ap. J.-C. un rôle pivot dans l’histoire de l’ancienne Caucasie, à la charnière de l’empire romain, de l’Iran et des nomades des steppes du Nord. Leur pays, l’Ibérie, amalgamait divers peuples et communautés autour du cours moyen du fleuve Koura. Composant avec les rivalités dynastiques, le morcellement ethnique, la pluralité des langues et la diversité des cultures, les rois et les princes d’Ibérie firent preuve d’une remarquable capacité d’adaptation pour assurer leur emprise territoriale, affirmer leur légitimité et trouver une place de choix dans les réseaux d’alliances transnationaux. Le système politique ibère établit une relation d’équilibre entre l’aristocratie et la cour à travers une dyarchie associant le roi et son pitiaxe. Entrée dans l’orbite de Rome après l’invasion de Pompée en 65 av. J.-C., les Ibères tissèrent jusqu’à l’époque tardive un partenariat avec les dirigeants romains qui n’était cependant pas exempt d’ambivalence. Les années 260 de notre ère marquèrent un tournant capital dans l’évolution du pouvoir royal ibère, lorsque l’emprise grandissante des Sassanides instigua un changement dynastique au profit des Mihranides. Dans un contexte d’effervescence spirituelle mettant en concurrence divers courants religieux, les dirigeants ibères décidèrent progressivement de confessionnaliser leur pouvoir. Au début du Ve siècle, l’invention d’une première forme officielle d’écriture géorgienne illustra ce nouveau consensus politique et religieux autour d’une royauté devenue chrétienne, étape cruciale dans le processus d’ethnogenèse. De l’époque hellénistique à l’arrivée de l’Islam, l’ancienne société ibère, façonnée sur un modèle iranien avec une forte composante aristocratique, mit en avant certaines femmes charismatiques ayant occupé des fonctions prépondérantes dans la vie religieuse et sociale. L’adaptabilité dont firent preuve les Ibères à l’égard des circonstances fournit un exemple remarquable de l’évolution d’un pays de taille modeste à travers l’âge des grands empires de l’Antiquité. Par l’épigraphie et les chroniques géorgiennes, les Ibères nous ont aussi légué leur propre vision de l’Histoire sur ces mille ans d’existence.

02/09/2024
Pages
564

Nicolas J. Preud’homme, Agrégé et docteur en histoire, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, diplômé en géorgien de l’Inalco, enseignant-chercheur ATER à l’Université de Lille puis à Sorbonne Université, ancien membre du laboratoire ArmEn de l’Université de Florence et chercheur associé du Centre Beyond Canon de l’Université de Ratisbonne, membre associé du laboratoire UMR 8167 Orient & Méditerranée.

Prix Roman et Tania Ghirshman 2025, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres