De Moravie en Italie. Voyage universitaire et “Grand Tour” européen (1596-1602)
De Moravie en Italie. Voyage universitaire et “Grand Tour” européen (1596-1602)
Nouveauté

Scripta Receptoria 31

De Moravie en Italie. Voyage universitaire et “Grand Tour” européen (1596-1602)

L'éphéméride du baron Waldstein

Jean Hiernard

Cet éphéméride du voyage d’un jeune noble de Moravie à l’aube du XVIIe siècle nous invite à plonger dans une Europe déchirée par les affrontements religieux mais unie dans l’admiration de l’Antiquité et le culte du progrès.

30,00 € TTC

Ce livre est la traduction française commentée de l’agenda tenu en latin jour après jour, de janvier 1597 à juin 1602, par un jeune noble de Moravie (partie du royaume de Bohême – act. Tchéquie) voyageant à travers neuf pays actuels (Tchéquie, Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, Autriche et Italie) afin d’y parfaire son éducation, d’acquérir en particulier la connaissance des langues et des usages dominants dans l’aristocratie européenne et de nourrir son « carnet d’adresses ». La pratique de ce jeune luthérien, Zdenek de Waldstein, parent de l’illustre Wallenstein, se situait à mi-chemin entre le voyage universitaire (il a fréquenté trois universités – Strasbourg, Orléans et Sienne – et un collège supérieur – Vérone – mais sans jamais y prétendre à des grades) et le « Grand Tour » qui commence alors à se développer et sera à l’origine de notre moderne tourisme. Le document qu’il nous a laissé permet de connaître tous les cours qu’il a suivis, ce qui en fait une précieuse source pour les historiens de l’éducation, tous les maîtres et condisciples fréquentés, tous les pays traversés avec leurs divers monuments et curiosités. Son statut social le fait accéder à des fonctions prestigieuses au sein des nations germaniques des universités d’Orléans et de Sienne. Il lui permet aussi de rencontrer des personnages de grande importance tels, en France le roi Henri IV, aux Provinces-Unies le stathouder Maurice de Nassau, en Angleterre la reine Élisabeth Ire (à qui il tient deux longs discours laudateurs), à Rome les cardinaux Baronius et Bellarmin, ainsi qu’une kyrielle de savants.

L’histoire-même du manuscrit n’est pas banale : il est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque vaticane car son propriétaire, de retour dans sa patrie, a pris une part active à la direction de la révolte des États de Bohême contre l’empereur en 1618. Tous ses biens ont été confisqués et il est mort en prison en 1623. Lors de l’intervention suédoise dans le Saint-Empire pendant la guerre de Trente Ans, sa bibliothèque a été saisie et transportée à Stockholm. Lorsque la fille du roi Gustave Adolphe, Christine, abdiqua et se convertit au catholicisme (1654), elle vint se fixer définitivement à Rome avec une partie de la bibliothèque royale. Après sa mort (1689), cette dernière fut léguée au neveu d’un cardinal, puis au pape Alexandre VIII. C’est pourquoi cet écrit dû à un « hérétique » figure aujourd’hui sur les rayons de l’institution vaticane.

C’est donc à une plongée dans une Europe déchirée par les affrontements religieux, mais unie dans l’admiration de l’Antiquité et le culte du progrès, que nous invite cette enquête originale. 

05/05/2025

Jean Hiernard, après une carrière d’historien de l’Antiquité, se consacre depuis plusieurs années à l’édition et à la traduction de récits de voyage composés par des étudiants, aristocrates et marchands français, allemands ou d’Europe centrale aux XVIe et XVIIe siècles.